Sur le patrotisme économique

Publié le par Erasme de Metz

Das la dernière livraison du périodique "L'Economie Politique", encore de très bons textes sur un sujet complexe: le patriotisme économique et la maitrise de la mondialisation.


Le premier texte est de Keynes et date de 1933. Deux citations (charcutées par mes soins ou ceux d'"Economie Politique",mais le sens y est):
"le capitalisme international ...n'est ni intelligent, ni beau, ni vertueux ...mais quand nous nous demandons par quoi le remplacer, nous sommes extrèmement perplexes"
"Le 19ième siècle a donné une place extravagante aux résultats financiers  promus critères d'appréciation de toute action publique ou privée"  (il s'agit bien ici du 19ième et non du 20ième ou du 21ième...l'histoire bégaie?)
Comme d'habitude dans l'"Economie Politique" des opinions pour ou contre suivent le texte.
La revue se termine par un texte d'Arnaud Montebourg.

Voici le résumé de l'éditeur:
 
Quel patriotisme économique ?

De l'autosuffisance nationale
par John Maynard Keynes
Le grand économiste britannique propose un long plaidoyer en faveur du patriotisme économique. Celui-ci doit permettre à l'Etat de limiter les contraintes liées à la libéralisation économique internationale, notamment celle des mouvements de capitaux, pour disposer des marges de manœuvre de politiques nationales permettant d'agir en faveur d'une « République sociale ».

Les risques de la mondialisation financière justifient-ils un patriotisme économique ?
par Robert Boyer
Si la définition du rôle de l'économiste et les perspectives théoriques issues du texte de Keynes le séduisent, Robert Boyer, économiste, directeur d'études à l'EHESS et directeur de recherches au CNRS-Cepremap, doute de la pertinence des analyses proposées pour bâtir une politique publique nationale en réponse à la mondialisation contemporaine.

Un message politique d'actualité
par Roger Guesnerie
Roger Guesnerie, professeur au Collège de France, conteste l'idée avancée par Keynes selon laquelle la mondialisation contraint les politiques économiques nationales. Mais les échanges avec les pays émergents nourrissant les inégalités au Nord, il appelle à refuser la marche forcée vers toujours plus de libéralisation des échanges et souhaite un « mieux de commerce » fondé sur des « concessions » réciproques entre les pays.

Pour une mondialisation keynésienne
par Pierre Jacquet
Saluant le rappel par Keynes que l'économie est toujours politique, l'auteur plaide pour une libéralisation continue et encadrée par des règles acceptées par le pays dominant et respectées par le plus grand nombre. Dans ce cadre, le nationalisme économique ne peut être fondé que sur des politiques d'attractivité du territoire.

Perspicacité et naïveté de Keynes
par Patrick A. Messerlin
Soulignant que le protectionnisme n'est pas équivalent à un renforcement du pouvoir des Etats et que le libre-échange ne se résume pas au laisser-faire, Patrick Messerlin condamne toute forme d'entrave au commerce international.

Que reste-t-il de Keynes pour comprendre la mondialisation ?
par Charles-Albert Michalet
Le patriotisme économique n'est pas utile pour répondre à la mondialisation contemporaine : l'autonomie de la politique monétaire est peu utile dans un monde où le lien entre taux d'intérêt national et investissement s'est relâché et où les délocalisations permettent des gains de compétitivité.

Keynes et le patriotisme économique à géométrie variable
par Olivier Pastré
Une lecture de Keynes qui montre combien son patriotisme économique correspond, dans les sociétés démocratiques, au refus d'un internationalisme sans contrôle, afin de mieux soutenir les équilibres sociaux locaux.

Retour vers le futur : le protectionnisme est-il notre avenir ?
par Jacques Sapir
Un appel aux politiques protectionnistes face à l'absence de justifications économiques, politiques et morales au libre-échange.

Théories du nationalisme économique
par Eric Boulanger
Une revue de la littérature sur le nationalisme économique. Surtout étudié par les économistes libéraux, il est plutôt présenté négativement. Après avoir été très en vogue chez les économistes (dont Keynes), les politistes et les historiens des années 1920 à 1940, l'étude du nationalisme s'est effacée durant la guerre froide, avant de connaître un renouveau ces dernières années.

Pour une action politique sur l'économie
par Arnaud Montebourg
En écho étonnant de proximité au texte de Keynes, une prise de position en faveur du patriotisme économique, conçu comme l'ensemble des moyens permettant les conditions d'exercice de l'action publique nationale et démocratique dans une économie ouverte.

Publié dans Pour réfléchir

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