Impôts ou charité

Publié le par Erasme de Metz

La tendance naturelle en ces temps de campagnes électorales est de critiquer la gabegie financière de la gauche. Celle-ci serait, par principe, pour une augmentation sans fin des impôts.
Le dernier reproche à la mode serait de prétexter une décentralisation mal ficelée qui transfèrerait des couts sans les ressources.
J'ai la faiblesse de penser qu'elle est effectivement mal ficelée, mais comme je ne crois que le concret, je vous livre donc des augmentations, observées, sur une feuille d'imposition (taxe d'habitation + taxes foncières) entre 2005 et 2006:
Région Lorraine (gauche): +7 euro
Commune de Metz (droite): + 30 euro
Département de la Moselle (droite): + 61 euro
Finalement tout est relatif, n'est-ce-pas?

Passés ces quelques instants d'ironie facile, allons voir quelques explications sur les impôts sur wikipedia: cliquez ici.
Rappelons par ailleurs:
- que l'impôt exprime notre désir de solidarité et remplace avantageusement l'arbitraire, même honnête et sincère, de la charité (notez par exemple que les succès de l'islam s'appuient fortement sur cette charité),
- que l'argent prélevée en impôts ne disparait pas dans un grand trou noir, mais est redistribué sous forme de pouvoir d'achat, d'investissement, de services...et ces trois points permettent la création de richesse.

L'impôt est un bien précieux, c'est l'expression sonnante et trébuchante de mots qui pourraient rester vides de sens: Liberté Egalité Fraternité.
Dire cela n'est en rien contraire à une volonté farouche de bonne gestion:  gérer l'impôt, c'est gérer le bien commun, c'est être l'outil d'une charité laïque qui nous dépasse.

Après cette envolée lyrique et si vous voulez aller plus loin (mais alors là très loin), lisez
Les hauts revenus en France au XXe siècle (Inégalités et redistribution 1901-1998) de Thomas Piketty.
Voici la présentation du livre par l'auteur:
"J'ai tenté dans ce livre de dresser le tableau d'un siècle d'inégalités en France. Matière aride : mon ouvrage se fonde sur une exploitation systématique des déclarations de revenus, de salaires et de patrimoines déposées en France tout au long du 20ème siècle, ainsi que sur une analyse des discours et des programmes électoraux en matière d'inégalités et de redistributions. Pourtant, au-delà des chiffres et des graphiques, j'ai surtout voulu raconter une histoire, celle de groupes sociaux disposant de ressources et de positions très diverses, et qui ont traversé le siècle avec des fortunes elles aussi très diverses. De fait, toutes les dates charnières de l'histoire politique du siècle écoulé jouent un rôle clé dans cette fresque : je montre comment les guerres mondiales, le Front Populaire, Mai 1968, etc., constituent des ruptures majeures dans l'histoire des inégalités en France au 20ème siècle. Ces évolutions passées permettent aussi de penser l'avenir : en particulier, ce sont des institutions bien particulières (et notamment l'impôt progressif) qui ont selon toute vraisemblance permis d'éviter que ne se reconstitue après 1945 la "société de rentiers" d'avant 1914, et la mise à mal de ces institutions augurerait mal de l'avenir. Bonne lecture ! (Thomas Piketty)"


Publié dans Pour réfléchir

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R
Vl'a ti pas que le salaire net pour la classe moyenne est de 4000 euros selon les dires de Jean-François Coppé. Je fais alors partie de basse classe. Et puis j'oublie ceux qui gagne moins que moi et que le SMIC. Alors eux on les classe où ? en triste classe à moins qu'il soit inclassale, des rebuts de notre société quoi? Ben voyons Jean-François !!! Désolé Erasme, je ne pouvais pas m'empêcher de faire un peu de "polémique".
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