Ce n'est pas personnel, c'est les affaires

Publié le par Erasme de Metz

Je reprends ma citation préférée du film "vous avez un message" pour parler du sujet à la mode: François Bayrou. (dit le martyr du Béarn ou "j'ai raison puisque tout le monde me tape dessus")
L'article sera illustré par deux dessins d'Etienne Daval (le militant et l'artiste).
Avouons que de toute manière, il n'était pas prévu que je vote pour François Bayrou.
J'ai pu souligner sur ce blog l'implication courageuse de membres de l'UDF: aux côtés du réseau éducation sans frontières ou en proposant des cantines gratuites (Drancy). Le ton de François Bayrou, ses prises de position me laissaient espérer une réelle évolution de sa part, que j'ai soulignée en différents endroits de la blogosphère.
Et là, je suis déçu, très déçu par ses propositions concrètes, qui ne font que prolonger les 5 années qui viennent de se passer: allègements de charges, baisses d'impôts (ce qui déçoit mes valeurs de solidarités) pas d'investissements pour le futurs (ce qui déçoit mon social-démocratisme). Finalement c'est comme dans le film: c'est personnel, ce ne sont pas les affaires !!
Le site Désirs d'Avenir Eurorégion décrit bien, par une analyse concrète ce profond décalage entre l'intention et l
a réalité. Je cite:

Article paru à l'origne ici

Le phénomène Bayrou n’est probablement pas un leurre. J’entends de plus en plus de personnes qui se classent à gauche mais qui n’apprécient pas Ségolène Royal, déclarer voter Bayrou.
Avant de se lancer, mieux vaut toutefois butiner sur son site web particulièrement bien organisé http://www.bayrou.fr/propositions/.


Un clic sur « ISF » et c’est tout aussi clair : « L’ISF actuel a un taux parmi les plus élevés du monde. Je suis partisan d’une imposition sur le patrimoine à base large, à partir de 750 000 euros […] Un prélèvement de 1 pour 1000, facile à assumer par tous ». A titre illustratif, prenons un foyer avec 2 enfants à charge :
a. Patrimoine total de 800,000 euros : ISF actuel = 0 euro, ISF Bayrou = 800 euros
b. Patrimoine total de 10 millions d’euros : ISF actuel = 116 milles euros, ISF Bayrou = 10 milles euros soit un gain de 106 milles euros.
c. Patrimoine total de 100 millions d’euros : ISF actuel = 1,7 millions d’euros, ISF Bayrou = 0,1 million d’euros soit un gain de 1,6 millions d’euros.

Un clic sur « temps de travail » et on reste dubitatif : « Permettre à ceux qui le souhaitent de travailler plus pour gagner plus. » « Je propose de permettre au salarié qui veut faire une heure supplémentaire de bénéficier d’une prime de 35%, beaucoup plus importante qu’aujourd’hui, notamment dans les petites entreprises, sans que cela coûte plus cher à l’entreprise : cette prime sera défalquée des charges sociales. Avec une idée simple : quand quelqu’un a travaillé trente-cinq heures, il a d’ores et déjà payé sa quote-part à la solidarité. » Etrange « idée simple » : pourquoi est-ce l’entreprise qui doit bénéficier d’une défalcation et non le salarié ? Au total, il n’y a rien dans le programme de Bayrou sur l’emploi à temps partiel contraint, celles et ceux qui veulent et ont le plus besoin (hormis les chômeurs) de travailler plus. Pire, avec sa proposition, une entreprise qui emploie un temps partiel de 30 heures et un temps plein de 48 heures (13 heures supplémentaires) bénéficiera de plus d’allègements de charge que si elle employait ses 2 salariés à 39 heures.


Un clic sur « recherche » et le chercheur se sent flatté puis abandonné : « Il y a d’abord la question de la place et de l’image des chercheurs dans la société : faire de la recherche l’une des voies privilégiées pour la sélection des élites ». « Je propose d’exempter d’impôt les revenus des brevets déposés par des chercheurs français ou résidents en France. » A ma connaissance, l’imposition des revenus des brevets n’a jamais été signalée comme un frein à la recherche ; les chercheurs souhaitent bénéficier de moyens pour mener leurs travaux dans une compétition internationale saine exacerbée. Que promet François Bayrou : « une augmentation régulière et sur le long terme du budget de la recherche, de l’ordre de 5 % par an sur dix ans. » Compte tenu d’une croissance annuelle de 2% de l’économie et de 2% d’inflation, 5% par an signifie une hausse annuelle de 1% du budget ramené en part du PIB. Il faudrait donc environ 40 ans pour réaliser l’objectif de Lisbonne 2010.

Je laisse les internautes poursuivre le travail de lecture critique des propositions de Bayrou (plus de 100 items). Mais, au total, même s’il se pare d’éléments sociaux et de critiques de Sarkozy, le programme actuel de François Bayrou est clairement de droite et in fine globalement compatible avec celui de l’UMP.


Publié dans Démocratie

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F
En dehors de la question européenne sur laquelle sa sincérité est indéniable - mais qui demeure un sujet complexe... - , je ne peux pas le croire. Rien dans son programme ne montre sa véritable volonté d\\\'ouverture à gauche. Rien n\\\'est nouveau. Rien ne me convainc ! François Bayrou ne sera pas capable de générer une envie, d\\\'impulser un enthousiasme. Après tous les doutes sur la compétence de Ségolène Royal, sur le manque de soutiens autour d\\\'elle, sur une chose et sur son contraire...  Toutes ces questions ne se posent pas sur le candidat Bayrou. Ce qui est désolant c\\\'est qu\\\'il représente aujourd\\\'hui la dernière solution pour éviter de voter pour une femme en  trouvant une fausse bonne raison et en gardant la conscience tranquille ! Mais François Bayrou n\\\'a pas en lui la puissance nécessaire  et la force communicative . Cette volonté est avec Ségolène Royal et c\\\'est de Ségolène Royal dont nous avons besoin !
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E
@ Hervéc'est un plaisir de ne pas être d'accord avec vous !!Pour ce qui est des courbes des sondages, je reste étrangement serein (c'est rare pour moi !!!), Chirac en 1995, le référendum sur le traité constitutionnel ou les dernières régionales m'ont redonné une grande confiance dans le débat public et en la force d'une conviction
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H
A la lecture de la réponse d'Erasme je pense donc que l'on ne tombera jamais d'accord sur tout, mais ce n'est pas grave,de l'uniformité nait l'ennui. Il va voter S. ROYAL je vais voter F. BAYROU et c'est sans doute pour les mêmes raisons et avec les mêmes attentes.<br /> La ou nous sommes d'accord et c'est effectivement quelque chose qui continue à me surprendre c'est en effet l'aspect statique du chiffrage des programmes. On retire les économies donc les dépenses on ajoute les recettes et voilà le chiffrage, c'est effectivement un peu court, surtout si l'on songe aux bataillons d'économistes et d'énarques qui entourent les candidats et aux moyens informatiques qui existent. C'est la aussi une preuve d'un certain archaisme du système, on ne fait pas mieux que du temps du général de Gaulle.<br /> Info du jour, sondage IFOP F. BAYROU=23 S. ROYAL=23, les courbes se croisent !
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E
Merci Hervé pour votre commentaire,En préambule, je dirais que les étiquettes m'importent peu, il faut simplement faire des choix à un moment donné, par rapport à un contexte. Ce choix inclut aussi le choix d'un parti politique...en gardant sa liberté de penser...ce que j'ai fait.Je ne suis bien sur absolument pas d'accord avec votre analyse. Elle se fonde sur l'idée que la démarche de F.Bayrou serait originale et jamais testée.Or il se trouve que dans la période que vous citez, il y a eu la période dite d'ouverture (avec notre Jean-Marie Rausch messin !!!) et que vos  remarques sur l'efficacité politique (que je partage pour partie) s'appliquent aussi à cette période.Rien de neuf sous le soleil avec F.Bayrou, aussi faut il revenir sur les valeurs et les programmes, car nos trois compétiteurs sont également compétents et volontaires.Sous cet angle le pacte de Ségolène Royal m'apparait comme bien supérieur: solidarité, rapidement, pour renouer les fils de la société et redonner confiance; investissement massif sur le long terme à travers l'éducation, la recherche et les éco-industries.Les enjeux sont lourds, la compétition mondiale sévère et ceci ne doit pas conduire à une politique par trop gestionnaire, celle que semble préconiser F.Bayrou et qui handicape l'Europe depuis de très nombreuses années.A noter que les trois projets principaux ont été quantifiés par les mêmes experts (l'Institut de l'Entreprise), mais ils ne sont quantifiés que de manière statique c'est à dire sans mesurer les effets bénéfiques ou maléfiques induits par les différentes mesures (d'où la critique de Fitoussi de l'OFCE et la prudence à garder face à ces chiffrages)
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H
A force de défendre F. BAYROU je vais finir par passer pour un « bayrouiste », ce que je ne suis pas je ne suis pas un homme de clan ou d’étiquette mais quelqu’un qui choisit et qui vote pour des hommes, une impression sur ces hommes (parfois subjective), des idées représentées par ces hommes, … bref tout sauf une ligne infranchissable qui serait de gauche ou de droite, une ligne héritée d’un atavisme familial ou autre.<br /> <br />  <br /> <br /> Ce préalable est important pour comprendre que je ne cherche pas dans mon candidat qui sera F. BAYROU une appartenance ou pas à un bord ou l’autre. Gauche ou droite voire centre, trouver qui est F. BAYROU  voilà aujourd’hui le seul argument des amis de N. SARKOZY et ceux de S. ROYAL pour contrer BAYROU. Les uns nous disent il est de droite, son électorat est de droite, les autres nous disent il n’est pas de gauche, …. Tout cela est finalement peu important, qui est capable de nous dire aujourd’hui que son programme est moins populiste ou plus populiste que les autres, qui est capable de nous dire que son programme est financièrement possible ou pas (il  a été validé je crois par un organisme indépendant), qui est capable de dire avec qui et comment gouvernera-t-il. Aujourd’hui sans rien oublier de ce qu’est et a été F. BAYROU (député depuis plus de 20 ans, ancien ministre, président d’exécutif départemental), il représente à tord ou à raison, j’ai plutôt l’impression que c’est à raison la troisième voie ou comme certains disaient la troisième force, une troisième voie que LE PEN avait incarnée en 2002 au moins pour 17% des votants. Cette troisième voie, au passage on notera que au premier tour de l’élection de 2002 près de 63% des électeurs qui s’étaient éloignés des 2 voies habituelles représentées par JOSPIN et CHIRAC l’avaient emprunté.<br /> <br />  <br /> <br /> Pourquoi une troisième voie parce que pour les gens qui sont éveillés à la conscience politique ou à la conscience tout court depuis 1981, on a vécu successivement sous des présidences de gauche avec majorité législative à gauche, des présidences de gauche avec majorité législative à droite, et vice-versa. Donc on a beaucoup, et que faut-il en retenir, est-ce que les francais se sont plus réconciliés avec la politique à une période ou à une autre, est-ce que notre vie a fondamentalement changée à une période ou à une autre, est-ce que l’on a senti que le libéralisme était moins exacerbé à une période ou à une autre, on pourrait longtemps continuer ainsi. Ma réponse à moi, c’est globalement non, les politiques pratiquées et les effets induits sur la vie des citoyens sont minces, je n’ai pas réellement eu l’impression de changer de vie en passant du gouvernement BEREGOVOY au gouvernement BALLADUR, ni dans les autres transitions. Je n’ai pas l’impression que la gauche a mieux traité les problèmes de chômage, ni l’impression qu’elle a empêché les nationalisations ou le démantèlement des services publics, je n’ai pas l’impression que la droite a réduit la dette, ni résolu les problèmes d’insécurité, enfin toutes choses pour lesquelles l’une ou l’autre sont jugées plus qualifiées.<br /> <br />  <br /> <br /> Globalement je dirais que chacun a fait des réformes, certaines restent à l’esprit (vent de liberté en 1981, rigueur en 1983, 35 h, réforme des retraites en 2002, ….) mais rien de fondamental. Pendant ce même temps nos politiques se sont aussi décrédibilisés par leurs comportements (affaires financières des années 1990, le maintien du cumul des mandats, un refus de renouvellement plus rapides des générations au pouvoir, …).<br /> <br />  <br /> <br /> Donc aujourd’hui<br /> la solution BAYROU<br /> c’est tenter l’autre solution, sans garantie de réussite je l’admet, c’est peut-être gouverner autrement et finalement on  s’en moque avec qui il gouvernera si ce sont des gens compétents, c’est peut-être redonner la parole aux électeurs, c’est peut-être une forme de gouvernance moins prétentieuse moins hautaine. <br /> <br />  <br /> <br /> En cas d’échec j’ai bien peur de ce qui pourrait advenir.
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